•  

    Peut être une image de 1 personne

     

     

    Si j’ai du goût, ce n’est guère
    Que pour la terre et les pierres.
    Je déjeune toujours d’air,
    De roc, de charbons, de fer.
    Mes faims, tournez.
    Paissez, faims,
    Le pré des sons.
    Attirez le gai venin
    Des liserons.
    Mangez les cailloux qu’on brise,
    Les vieilles pierres d’églises ;
    Les galets des vieux déluges,
    Pains semés dans les vallées grises.
    Le loup criait sous les feuilles
    En crachant les belles plumes
    De son repas de volailles :
    Comme lui je me consume.
    Les salades, les fruits
    N’attendent que la cueillette ;
    Mais l’araignée de la haie
    Ne mange que des violettes.
    Que je dorme ! que je bouille
    Aux autels de Salomon.
    Le bouillon court sur la rouille,
    Et se mêle au Cédron.
     
     
     
    Arthur Rimbaud.

    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique