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    Le temps

     

    Le temps  n'a pas toujours  une égale valeur,

    Tu cours et je suis immobile,

    Je t'attends ;
    C
    ela met quelques chose en mon coeur

    De frénétique et de débile !

    J'entame avec l'instant un infime combat

    Que départage le silence

    L'heure, qui tout d'abord semblait me parler bas,

    Frappe soudain à coup de lance.

    Elle semble savoir, et garder son secret,

    Le destin se confie à elle ;

    On ne pénètre pas dans cette ample forêt

    Où rien n'est promis ni fidèle !

    Puisque la passion, en son sauvage trot,

    Gaspille sa richesse amère

    Révérons ces instants de la vie éphémère

    Attendre : épuisement sanglant de l'espérance,

    Tentative vers le hasard,

    Hâte qui se prolonge, indécise souffrance

    De savoir s'il est tôt ou tard !

    Impatience juste, exigeante et soumise,

    A qui manque, pour bien lutter,

    Le pouvoir défendu de refaire à sa guise

    L'univers puissant et buté !

    Certes, mon coeur ne veut te faire aucun reproche

    Des minutes que tu perdais ;

    Tu me savais vivante, active, sûre et proche,

    Moi, cependant, je t'attendais !

    Sans doute la démente et subite tristesse

    Qui se mêle aux jeux éperdus

    Elle est le profond sanglot refoulé qui nous laisse

    La douleur d'avoir attendu !


    Anna de Brancovan

     


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